E. Zola

Publié le par profmireille.over-blog.com

 

LE ROMAN EXPERIMENTAL

 

Zola veut appliquer la méthode expérimentale à la littérature.

Les étapes de la méthode : observation du phénomène, formulation d’une hypothèse, vérification de l’hypothèse à travers l’expérience et enfin la formulation de la loi.

L’application de cette méthode fait naître la physique et la chimie modernes en découvrant ainsi que tous les phénomènes obéissent aux lois d’un rigoureux déterminisme scientifique.

Le physiologiste Claude Bernard a appliqué cette méthode à la médecine, à l’étude des corps notamment ( la physiologie ) et a découvert qu’il y a des lois qui règlent les corps humain et les organes ; Zola veut appliquer cette méthode à la vie passionnelle , intellectuelle et spirituelle des hommes parce qu’il est convaincu que les sentiments, les passions, l’esprit des hommes sont réglés, déterminés par des lois immuables.

C’est pourquoi Zola affirme que le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur : après avoir observé un fait social ou un tempérament humain, il crée un personnage et le place dans des circonstances données, le fait agir dans des situations inventées pour vérifier comment et pourquoi se développent ses passions te ses actions ; donc le roman naturaliste est un roman expérimental qui montre une expérience dont le résultat ( le dénouement du roman ) doit confirmer que les fait humains sont réglés par les facteurs héréditaires et sociaux.

Le point faible du roman expérimental 

La méthode expérimentale présuppose une distance suffisante entre l’observateur et l’objet de l’observation pou que l’observation puisse être objective ; ainsi il construit une procédure d’observation et d’expérimentation mais l’expérience évolue hors de sa volonté et imagination, il na maîtrise pas le déroulement du processus ; dans le roman expérimental les conditions mêmes de l’ expérience ( les personnages, les événements, l’évolution de l’histoire ) sont créées à priori par l’écrivain et elles sont les fruits de son imagination

Le but et le rôle du romancier

Le romancier naturaliste vise à connaître les mécanismes qui règlent les phénomènes de la via intellectuelle et passionnelle des hommes pour la diriger et contribuer à l’amélioration de la société, au progrès de la société, qui peut changer grâce à ses dénonciations ; Zola croit en l’engagement politique et social de l’écrivain qui peut aider les hommes politiques en leur fournissant les moyens pour diriger les phénomènes sociaux et lutter contre les maux de la société.

Le pessimisme du romancier s’oppose à l’optimisme de l’intellectuel engagé qui croit dans la science, le progrès et le socialisme

 

LES ROUGON-MACQUART (1870-1893)

 

Le cycle comprend 20 romans, chacun mettant en scène un personnage issu de l’une de deux branches de la famille.

C’est le Traité sur l’hérédité du Docteur Lucas qui fournit à Zola l’idée de bâtir un arbre généalogique. L’hérédité d’ Adélaïde Fouque, Tante Dine, une femme névrosée, folle, se diversifie grâce aux jeux des tempéraments et des milieux en une infinité de possibles que Zola explore par la construction de l’arbre ; tante Dine donne naissance aux deux branches :

la branche légitime -Pierre Rougon, le fils légitime né du mariage avec un paysan de Plassans en Aix-en-Provence ; les descendants de cette branche sont des petits bourgeois entreprenants et sans scrupules

la branche illégitime-Antoine et Ursule Macquart, les enfants nés d’une liaison adultère avec le contrebandier Macquart, alcoolique ; les descendants de cette branche sont dépossédés de leur part d’héritage et portent dans leur physiologie et leur caractère les signes de l’alcoolisme et da folie de leurs ancêtres.

Le modèle héréditaire conjugué au déterminisme physiologique de C.Bernard et à la théorie de Taine selon laquelle les conditions physiologiques ( (la race), l’influence du milieu social (le lieu) et du moment historique (le temps) déterminent les manifestations humaines ( les comportements, les traits du caractère, les sentiments, dont les produits sont appelés vices et vertus, sont les sources scientifiques auxquelles Zola s’est inspiré dans la composition du cycle, dans lequel il veut étudier dans une seule famille les questions de sang et de milieu, montrer le jeu de la race modifiée par le milieu, étudier les combinaisons qui naissent entre les facteurs héréditaires et les facteurs sociaux (comment évoluent des personnages qui ont la même hérédité dans des milieux différents).

Le sous-titre du cycle (Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire) synthétise les deux éléments qui sont à la base de la construction :

l’adjectif naturel renvoie à l’étude physiologique (aux effets néfastes de l’hérédité) ; l’homme est déterminé par son corps son tempérament, ses instincts, son hérédité ; le marge de liberté est réduit, ils sont dépourvus du libre arbitre ;

l’adjectif social exprime la volonté de Zola de peintre tout un age social et de montrer l’influence du monde moderne, de la politique, de l’économie sur les membres d’une famille qui s’insèrent par hasard dans tous les milieux sociaux, depuis les plus aisés jusqu’aux ouvriers ; de cette façon Zola peint tous les phénomènes sociaux, politiques et économiques caractérisant la société de l’époque : l’affermissement du capitalisme, l’événement de l’age industrielle, le machinisme, la naissance du mouvement ouvrier le développement des grandes villes, la création des grands magasins, l’expansion boursière et ses crashs, le chemin de ferre, le développement de la presse.

La société de l’époque subit des transformations profondes ( l’essor des sciences, la multiplication des inventions et leur application qui entraîne un développement économique sans précédents). C’est une société dominé par les aspirations bourgeoises : le luxe, le profit, le pouvoir, le plaisir ; parvenir est le mot qui domine

 

L’ASSOMMOIR

L’Assommoir est le septième roman du cycle. Il est d’abord publié en feuilleton dans un quotidien et dès sa publication il suscite des réactions scandalisées à cause de l’idéologie et du style du roman.

On a mis sous accusation l’obscénité de certaines scènes, l’immoralité des situations et des caractères et la langue

On accuse Zola de faire de la littérature putride, de se complaire dans l’ordure et l’obscénité, de présenter un contexte moralement corrompu, de peindre les ouvriers sous l’aspect de dégoûtants ivrognes, d’être charnels n’obéissant qu’aux exigences du sexe et du ventre, d’utiliser mots et expressions familiers et vulgaire.

Après la sortie en volume en 1877 le ministre de l’Intérieur refuse l’autorisation de vendre le roman dans les gares, ce qui contribue au succès de public.

Dans la Préface du roman Zola se défend des critiques et exprime le but qu’il a voulu atteindre avec le roman. Il affirme que son roman « est une œuvre de vérité, le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l’odeur du peuple ». Il faut dire que dans les années 50-60 avait fleuri une vaste littérature populaire mais qui diffusait l’image édifiante du bon ouvrier, ce qui permettait d’éviter soigneusement toute analyse socio-économique qui aurait renvoyé aux antagonismes des classes. Par exemple Hugo dans Les Misérables plaide la cause du peuple opprimé et dénonce l’injustice sociale. Mais il est plus préoccupé par le coté moral et spirituel de ses personnages que par l’analyse sociologique ; il exalte le message évangélique de la charité, la bonté, la fraternité qui permettent le rachat des hommes criminels : c’est la marche du mal vers le bien.

Zola, au contraire, veut dire la vérité sur la classe ouvrière, il ne cache pas la réalité, si insupportable qu’elle puisse paraître et dénonce la condition ouvrière dans toute sa cruauté pour réaliser, ainsi faisant, un projet édifiant et idéologique : la représentation des faits qui mènent à la déchéance physique et morale des ouvriers parisiens aurait du favoriser des interventions hygiéniques et éducatives aptes à améliorer la condition des ouvriers.

C’est l’histoire d’une famille ouvrière au centre du roman qui vit dans le quartier parisien de la Goutte d’Or caractérisé par la misère, la saleté, l’atmosphère de ruine et de dégradation, le malheur et le désespoir. Le nom du roman vient du cabaret du Père Colombe où les ouvriers viennent régulièrement boire après le travail. Mais le titre a aussi une valeur symbolique, métaphorique. L’assommoir est l’abattoir, le lieu où on abat les animaux. De la même façon les ouvriers qui fréquentent la cabaret sont abattus, assommés, abrutis par l’alcool.

Gervaise et Coupeau forment au début un ménage modèle et ont un idéal de vie emprunté aux valeurs positives telles que l’honnêteté, la bonté, le goût du travail, l’hygiène, l’ordre, l’épargne.

C’est l’accident de Coupeau qui déclenche le processus d’un abandon progressif, l’oubli progressif des sentiments honnêtes qui laisse place à la paresse, à la malpropreté, à la misère, à la violence, à la perte des liens familiaux, aux ordures de la promiscuité jusqu’ à la honte et à la mort causée par l’alcool et la misère.

Malgré leur bonne volonté, leurs qualités et leurs sentiments honnêtes ils seront les victimes de l’eau de vie ; l’alcool fait oublier les soucis, le malheur, la fatigue, la misère mas il entraîne l’abrutissement, la violence, la déchéance morale. Ils n’ont plus de volonté, ils sont dépourvus du libre arbitre, ils ne peuvent pas échapper à leur condition, à leur destinée (conception pessimiste et fataliste de la vie) .

En effet Gervaise illustre bien la réalité du double déterminisme physiologique et social. Sa déchéance physique et morale tient à plusieurs conditions fixées en avance : la race, le milieu, le moment. Elle descend d’une famille atteinte de la tare de l’alcool et selon la théorie de l’hérédité de Docteur Lucas elle aussi est atteinte de cette tare. Sa condition tient aussi aux conditions économiques et sociales de l’époque du Second Empire ; elle est la victime d’une fatalité sociale qui met à l’écart sa classe sociale, condamnée en avance en vertu de la condition de pauvreté, de misère matérielle et morale qui lui est faite dans le jeu du déterminisme social. En effet la révolution industrielle et l’affermissement du capitalisme se réalisent forçant les ouvriers à vivre dans des contions de vie et de travail très pénibles.

 

Publié dans Littérature

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