Le fantastique

Publié le par profmireille.over-blog.com

 

Définition de fantastique d'après Todorov: introduction à la littérature fantastique

Ainsi se trouve-t-on amené au cœur du fantastique. Dans un monde qui est bien le nôtre, celui que nous connaissons, sans diables, sylphides, ni vampires, se produit un événement qui ne peut s'expliquer par les lois de ce même monde familier. Celui qui perçoit l'événement doit opter pour l'une des deux solutions possibles : ou bien il s'agit d'une illusion des sens, d'un produit de l'imagination et les lois du monde restent alors ce qu'elles sont ; ou bien l'événement a véritablement eu lieu, il est partie intégrante de la réalité, mais alors cette réalité est régie par des lois inconnues de nous. Ou bien le diable est une illusion, un être imaginaire, ou bien il existe réellement, tout comme les autres êtres vivants : avec cette réserve qu'on le rencontre rarement.

Le fantastique occupe le temps de cette incertitude ; dès qu'on choisit l'une ou l'autre réponse, on quitte le fantastique pour entrer dans un genre voisin, l'étrange ou le merveilleux. Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvée par un être qui ne connaît que les lois naturelles, face à un événement en apparence surnaturel. […]

Caractéristiques

1. Les éléments constitutifs

La littérature fantastique relève de la fiction, ce qui signifie que l’auteur et le lecteur savent que les événement racontés sont imaginaires, qu’il y a production consciente d’une oeuvre esthétique.

Le fantastique littéraire comporte deux éléments fondamentaux :

- un récit

o Souvent écrit en « je » (chronologie, reportage ou récit a posteriori) il est aussi parfois plus rarement en « il ».

o Les « non personnes » sont importantes et décrites de manière vague (il, la chose, quelque chose…).

o La description des lieux et des personnes joue un rôle essentiel.

o Le vocabulaire fait appel à de nombreux motifs intertextuels reliés à des croyances anciennes, des personnages mythiques…

o Il s’agit le plus souvent de nouvelles, de contes, c’est-à-dire de récits courts, bien que des romans parfois très longs existent également.

- la peur (on lira avec intérêt la définition que Lovecraft en donne)

o C’est le moteur de la narration.

o Elle renvoie à l’angoisse de l’homme qui ne peut maîtriser totalement le monde dans lequel il vit, il s’agit du rappel d’une terreur primitive.

o Dans la littérature fantastique, cette peur provient de l’imaginaire, de l’incertitude et de la présence du danger.

o La peur est provoquée par l’irruption d’un événement en apparence surnaturel dans un univers qui ne connaît que les lois naturelles.

Par ailleurs, pour T.Todorov1, trois conditions sont essentielles :

- Le texte doit faire en sorte que le lecteur

o considère le monde des personnages comme réel,

o hésite entre une explication rationnelle des événements qui s’y produisent et une explication surnaturelle.

- Cette hésitation est également ressentie par un personnage dont le lecteur devient une sorte de relais.

  • Le lecteur écarte l’interprétation symbolique ou allégorique. Cette dernière condition n’est toutefois pas obligatoire mais souvent présente.

     

Les thèmes

Permettant des lectures diverses – symboliques, mythiques, psychanalytiques…– l’ancrage dans l’imaginaire se manifeste à travers des figures et des thèmes récurrents dont des listes plus ou moins longues ont été établies par de nombreux spécialistes. Remarquons toutefois que la présence de l’un ou l’autre de ces thèmes est insuffisante pour considérer un texte comme fantastique, c’est le danger du catalogue qui ne met assez en évidence le traitement du thème qui crée le sentiment, la tension de l’esprit entre rationnel et irrationnel.

L’écrivain argentin Borgès recense 4 thèmes :

- l’oeuvre d’art contenue dans l’oeuvre elle-même,

- la contamination du réel par le rêve,

- le voyage dans le temps,

- le dédoublement.

Se référant à C.Jung, Vax cite sept motifs :

- le loup-garou mais aussi la métamorphose en d’autres animaux

La bête étant un aspect de nous-mêmes qui refuse la sagesse et les vertus sociales, la bête fantastique a domestiqué la raison et l’utilise à des fins mauvaises, ce qui mène à la sauvagerie et à la perversion.

- le vampire

C’est un être ambivalent qui horrifie et fascine par l’idée qu’il est possible de prolonger sa vie en prenant celle d’autrui. S’y ajoutent les idées de viol et de meurtre mais aussi une image de la femme comme objet de séduction et de perdition. C’est toute l’ambivalence de la mort et de la sexualité.

- les parties séparées du corps humain

- les troubles de la personnalité

L’homme a cessé d’utiliser sa perception pour l’action ou la connaissance, il subit la présence opaque et lourde des choses. On rangera dans cette catégorie la folie, la drogue, le sommeil censé libérer des activités automatiques et donc plus profondes ou primitives. L’inquiétude augmente quand apparaissent des troubles physiques.

- les jeux du visible et de l’invisible

L’âme devient visible (spectres) ou, au contraire, le corps devient invisible (maisons hantées par des présences).

- l’altération de la causalité, de l’espace et du temps

L’espace est discontinu, individuel ou quadridimensionnel.

- la régression : portraits animés, statues maléfiques, jardins abandonnés, demeures désertes…

La liste de Caillois est plus longue encore.

On remarquera que certaines motifs sont très fréquemment exploités.

- Le miroir est pour Lacan une étape essentielle dans le développement de la personnalité mais s’il est trop utilisé, le narcissisme guette. Pour celui qui le fixe trop longtemps, c’est la peur qui naît de l’inquiétude devant sa propre image. Celle-ci peut être :

o un double de lui-même,

o opaque, c’est le vide, la non-existence, l’opposition du mort et du non-mort.

- Le double peut signifier

o le moi se divise en deux et je perds une partie de moi-même,

o un autre moi-même semblable m’entraîne dans le labyrinthe.

- L’oeuvre d’art est fascinante parce que s’y joue la frontière entre le réel et sa représentation, souvenir des tabous culturels et religieux de la représentation humaine.

- Le rêve plus vrai que le réel est lié au sommeil, à la folie, à la mort et aux paradoxes spatio-temporels.

- Le diable.

Enfin, il est important de noter que le lieu où se déroulent les événements fantastiques est souvent essentiel : c’est un lieu de fracture qui abrite des terreurs et qui est en même temps vraisemblable.

 

Structure du récit fantastique

 

 

Une introduction : un ou des personnages sont présentés dans un cadre banal et réaliste qui contribuera à authentifier l’histoire et à permettre éventuellement au lecteur de s'identifier au héros. Il arrive que le narrateur explique comment il est amené à raconter cette histoire.

 

 

 

Un ou des avertissement(s): quelqu'un ou quelque chose avertit le héros qu'il ne doit pas faire ce qu'il projette de faire; ou bien, on lui communique des règles à suivre, des interdits.

 

 

 

Une transgression : le héros ne tient pas compte des avertissements, il «s'en moque» Ou bien, il transgresse volontairement ou involontairement des règles établies, des habitudes.

 

 

 

Une aventure fantastique : le héros ayant «transgressé» les règles, est entraîné dans une aventure. De petits faits de plus en plus nombreux et de plus en plus étranges se produisent. Le héros tente de se raisonner. Les événements engendrent le plus souvent une interrogation, une angoisse puis une peur ou une panique.

 

 

 

Une sanction : le retour au quotidien qui marque la fin du récit fantastique n'est pas heureux. Le héros du récit fantastique meurt ou reste marqué négativement par les événements vécus. Il en garde souvent une trace.

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G. DE MAUPASSANT( 1850-93)   -     LE HORLA

Maupassant est né en Normandie et a été disciple de Flaubert, chef du réalisme, esthétique fondée sur l'observation et la représentation de la réalité. En effet dans ses contes, ses romans et ses nouvelles Maupassant peint les milieux de la société française de la III République et démasque toutes les attitudes négatives de l'humanité: l'hypocrisie, l'égoïsme, la bêtise, la cruauté.

Il devient célèbre et riche mais sa santé se dégrade ( dédoublement de la personnalité), il délire, il a l'impression d'avoir à ses cotés quelqu'un d'hostile; c'est le débout de la folie; il est interné et il meurt en 1893.

C'est à l'époque où son mal devient plus grave qu'il écrit des nouvelles où il met en scène l'angoisse existentielle de l'homme à l'origine de la folie, des obsessions, de la hantise du double; en effet le fantastique chez Maupassant a les caractères d'une analyse de la vie intérieure de l'inconscient et révèle les craintes, les peurs, les angosses, les cauchemars des hommes qui dérivent de la croyance d'un monde parallèle; il accorde donc une large place aux phénomènes psychiques comme le reve, les allucinations, les visions, la folie. 

 C'est sont les thèmes de la nouvelle Le Horla; déjà le titre de la nouvelle définit l'invisible, le double, l'autre caché en soi, ce qui est là, au-dehors, créateur d'angoisses et de peurs.

Maupassant a écrit deux versions de la même nouvelle. Dans la première, celle de 1886, les récits des faits, qui sont les mêmes dans les deux versions, se présente comme le compte rendu d'un cas clinique fit par le malade lui-même à une équipe d'aliénistes. Dans le deuxième version, celle de 1887, le cadre de l'asile est supprimé ainsi que l'équipe d'aliénistes: le lecteur est plongé directement dans la lecture d'un journal intime écrit par un homme maitre de ses facultés mentales.

Cette suppression donne au récit sa dimension fantastique assurée par la possibilité d'interpréter les faits par une lecture clinique et une lecture fantastique qui entrainent l'incertitude, le doute, l'hésitation chez le lecteur.

Lecture clinique: progression de l'aliénation mentale du protagoniste qui se manifeste par la création d'un double imaginaire.

Lecture fantastique fondée sur l'hypothèse d'un vampire invisible qui absorbe l'énergie de ses victimes; dans ce cas le protagoniste n'est pas fou mais il subit l'influence d'une puissance surnaturelle.

On peut très bien imaginer ce livre comme un journal intime; le narrateur, qui habite dans un château au bord de la Seine mais qui va de temps en temps à Paris ou Rouen pour se distraire, s'y exprime à la première personne. Il nous rapporte ses angoisses et troubles par une sorte de journal où il raconte ce qui lui arrive en mai-juin-juillet et septembre : il sent autour de lui la présence d’un être invisible qu’il nomme le « Horla », un être surhumain, qui le terrasse chaque nuit et boit sa vie. Au début lucide, il sombre peu à peu dans la folie en cherchant à se délivrer de cette emprise. Cette folie le conduira à de nombreuses actions insensées, lui-même ne comprenant pas ce qui lui arrive. Il finira par incendier sa demeure et à laisser brûler vif ses domestiques; dans les dernières lignes de la nouvelle, face à la persistance de cette présence, il entrevoit la mort comme ultime délivrance de cet être surnaturel et il se suicide.

Clé de lecture:

 

Présentation de la situation initiale ( chez le docteur Marrande)

Glissement progressif de la normalité vers l'anormalité, la folie:

  • les premiers symptômes de la maladie ( inquiétude nerveuse, insomnies, cauchemars, amaigrissement) qui sont apparemment explicables par la raison ( la fatigue, l'influence du fleuve)

  • le protagoniste agit logiquement: il se fait prescrire un sédatif puissant, il envisage quitter la maison

  • épisode de la carafe vide qui introduit le mystère, l'irréel dans le monde quotidien et rationnel et qui entraine le bouleversement progressif du protagoniste, sa confusion mentale, la folie

  • d'abord le protagoniste essaie de raisonner par la logique et se donne des explications rationnelles( quelqu'un est entré dans sa chambre; il est somnambule); il recourt à une première astuce pour essayer de comprendre le mystère ( les gâteaux, le vin, le lait); après il cherche encore à donner es explications rationnelles ( il agit sans avoir conscience); nouvelle tentative de résoudre le mystère ( les bandelettes et la mine de plomb, la porte et les volets fermés), répétition de l'épisode et enfin la folie l'emporte ( il croit voir une créature invisible: le Horla

Résumé de la Vénus d'Ille

L'histoire se déroule à Ille, une petite ville du Roussillon. Le narrateur, un archéologue, s'y rend en compagnie d'un guide. Ils viennent y rencontrer M. de Peyrehorade, un antiquaire qui doit leur montrer des ruines antiques se trouvant dans la région. En chemin vers Ille, le guide informe le narrateur que M. de Peyrehorade s'apprête à marier son fils, Alphonse, avec Mlle de Puygarrig, une jeune fille fortunée de la région. Il lui indique également que l'antiquaire a découvert récemment, dans ses terres, une statue de Vénus qui date probablement de l'époque romaine. Cette statue inquiète : d'une part parce qu'elle a des yeux blancs angoissants, et d'autre part, parce qu'elle a déjà provoqué un accident : elle est tombée sur Jean Coll, l'un des ouvriers ayant participé à son exhumation, lui brisant la jambe à cette occasion.

L'accueil à Ille est chaleureux. Le narrateur dîne chez les Peyrehorade; le maître de maison lui présente sa femme et son fils. M. de Peyrehorade évoque avec enthousiasme la statue de Vénus et indique à son hôte qu'il se fait un plaisir de lui montrer dès le lendemain.

Le narrateur se fait conduire dans sa chambre. Une fois seul, il ouvre sa fenêtre et aperçoit au loin la statue . Il assiste aussi à une assez scène insolite : deux jeunes garçons interpellent la statue. L'un d'eux lui jette une pierre. Celle-ci rebondit et frappe en retour le front du garnement. Ce dernier, effrayé, s'enfuit.

Le lendemain matin, c'est M. de Peyrehorade lui-même qui vient réveiller son hôte; l'antiquaire a hâte de faire admirer sa Vénus à l'archéologue. Celle-ci a des traits magnifiques, cependant son visage semble exprimer une certaine dureté. L'antiquaire fait remarquer à son visiteur l'étrange inscription figurant sur le socle : "Cave amantem". L'auteur la traduit en ces termes : "prend garde à toi si elle t'aime". Puis les deux personnages tentent de décrypter d'autres inscriptions de la statue, notamment celle figurant sur le bras droit de Vénus . La discussion entre les deux hommes est vive. Les arguments de l'antiquaire sont quelque peu fantaisistes, mais le narrateur se garde bien de contredire son hôte. Il se borne à admirer la statue.

Après le déjeuner, Alphonse, le fils de M. de Peyrehorade, converse avec le narrateur. Il évoque sa fiancée, une jeune fille charmante et aussi très riche. Il lui montre également une jolie bague sertie de diamants, anneau destiné à sa future épouse.

Le soir, il y a un dîner chez les Puygarrig, les parents de la future épousée. Le narrateur peut admirer la grâce et la beauté de la fiancée, mais il note également l'attitude malicieuse de la jeune fille. De retour à Ille, chez les Peyrehorade, la discussion porte sur le mariage qui doit avoir lieu le lendemain. Le narrateur fait remarquer qu'il est assez rare qu'un mariage ait lieu un vendredi. Il existe une superstition attachée à ce jour. Mme de Peyrehorade est plutôt contrariée. Mais son mari s'en tire par une pirouette : il fait remarquer que Vendredi est le jour de Vénus, la déesse de la beauté.

Le jour du mariage. Le narrateur dessine le portrait de Vénus, tandis que  M. de Peyrehorade offre des roses à la statue. Il les dispose aux pieds de la déesse et lui demande de protéger le nouveau couple. Arrive Alphonse, le futur marié, déjà habillé pour la noce. Il assiste à une partie de jeu de paume opposant l'équipe locale à une équipe d'espagnols. Les espagnols prennent rapidement l'avantage. Voulant venir au secours des siens, Alphonse se jette dans la partie. Mais sa bague de diamants le gêne dans ses mouvements. Il la retire, et pour ne pas la perdre, il la passe au doigt de la statue. La partie tourne à l'avantage de l'équipe locale. Vexé, le capitaine de l'équipe espagnole rumine sa défaite et marmonne, à l'intention d'Alphonse " Me lo pagaras, tu me le paieras. "

Alphonse remonte dans la calèche pour se rendre chez sa fiancée. Le parcours a lieu sous les acclamations. Alphonse se rend compte qu'il a oublié la bague. Il hésite, mais finalement de peur d'être ridicule, n'envoie personne la chercher. Une autre bague fera l'affaire.

Après la cérémonie, le déjeuner a lieu chez les Puygarrig. Durant l'après-midi la jeune mariée fait des adieux émouvants à sa tante.

Le soir, la réception a lieu chez les Peyrehorade . Le narrateur est choqué par l'ambiance grivoise et débridée qui y règne. Heureusement la mariée relève le niveau général. M. de Peyrehorade offre à l'assistance quelques couplets sur les deux Vénus : la statue romaine et la jeune mariée. Une fois au salon, Alphonse confie au narrateur son angoisse soudaine : il ne parvient pas à retirer l'anneau du doigt de la statue. Le narrateur est dubitatif . Alphonse lui propose d'aller vérifier lui-même. Mettant cette affirmation sur le compte d'un repas trop arrosé, le narrateur n'en fait rien et va se coucher sans avoir rendu visite à la statue. Une fois dans sa chambre, le narrateur a une longue méditation sur le mariage.

La nuit est agitée. Le narrateur entend plusieurs bruits : tout d'abord des pas légers qu'il attribue à la mariée. Puis il lui semble entendre des pas beaucoup plus pesants dans l'escalier. Il pense cette fois avoir reconnu les pas du jeune marié. Au petit matin, il entend à nouveau ces pas lourds puis ce sont des cris et des plaintes. Le narrateur se lève et court aux nouvelles. Le jeune marié gît sur le lit nuptial. Il a le corps couvert de contusions. Sa femme est en proie à une crise d'hystérie.

Le narrateur examine le corps du marié. Il n'y décèle aucune trace de sang. Ses soupçons se portent sur le capitaine de l'équipe espagnole de jeu de paume, mais il ne dispose d'aucune preuve. En continuant ses investigations, le narrateur découvre sur le tapis la bague de diamants qui normalement aurait dû se trouver au doigt de la statue. Il constate aussi qu'il n'y aucune trace d'effraction dans la maison. Dehors les seules empreintes que l'on peut relever sont celles qui mènent à la statue.

Le narrateur apprend ensuite de la bouche du procureur que la mariée est devenue folle. Il lui dévoile la déposition qu'elle a faite : elle s'est couchée la première. Puis elle a entendu quelqu'un pénétrer dans la chambre . Elle a pensé que c'était son mari. Cette personne s'est couchée dans le lit et elle a senti la présence d'un corps glacé. Plus tard une seconde personne est entrée dans la chambre, qui cette fois lui a dit ces quelques mots : "Bonsoir ma petite femme". La jeune mariée a vu alors la statue qui était dans son lit enserrer son mari jusqu'à l'étouffer. La jeune femme s'est alors évanouie et n'a retrouvé ses esprits qu'au petit matin. Elle a alors vu la statue quitter la chambre.

Le procureur convoque ensuite le capitaine de l'équipe espagnole. Ce dernier récuse l'accusation et fournit au procureur un alibi incontestable. Le narrateur, craignant pour sa réputation, refuse d'explorer la piste "surnaturelle".

Après l'enterrement, le narrateur quitte Ille et rentre à Paris. Il apprend quelques mois après que M de Peyrehorade est mort lui aussi et que Mme de Peyrehorade a décidé de faire fondre la statue pour en faire une cloche. Visiblement ceci n'a pas suffi à faire disparaître la malédiction, car depuis que cette cloche sonne, les vignes d'Ille ont déjà gelé deux fois.

Contexte de l'écriture de la Vénus d'Ille

Nouvelle de Prosper Mérimée (1837)

Mérimée a eu l'idée de cette nouvelle lors de son voyage dans le Roussillon en 1834. Il y avait découvert un site antique où des fouilles archéologiques avaient révélé un temple antique dédié à Vénus. Mêlant imagination et érudition (Mérimée a été inspecteur des Monuments Historiques), il nous offre avec la Vénus d'Ille, l'une des plus célèbres de ses Nouvelles fantastiques. Dans sa correspondance, Mérimée évoque "une histoire de revenants " : "c'est suivant moi, mon chef d'œuvre".

Ille-sur-la-Têt

Ille-sur-la-Têt est une petite ville de Catalogne, située sur la route de Perpignan à Prades, à 24 km à l'ouest de Perpignan. Mérimée a visité cette région au cours de son voyage dans le midi de la France entre le 12 et le 14 novembre 1834.

Les personnages de la Vénus d'Ille

Le narrateur

Archéologue parisien, il n'est jamais nommé dans le récit. Il est accueilli très cordialement par M. de Peyrehorade, antiquaire à Ille, mais il ne peut s'empêcher de regarder " ces honnêtes provinciaux" avec une certaine condescendance. Alors qu'il souhaitait simplement satisfaire sa passion pour l'archéologie, le narrateur se retrouve, malgré lui, plongé au cœur d'un drame.

M. de Peyrehorade

Notable cultivé d'Ille, M. de Peyrehorade est antiquaire. C'est lui qui accueille très chaleureusement le narrateur. C'est un bourgeois de province, qui se prendrait bien volontiers pour un savant. Il est amoureux d'une statue de Vénus découverte récemment, dans ses terres. Il mourra quelques mois après la mort de son fils, sans doute de chagrin.

Alphonse de Peyrehorade

C'est le fils de M. de Peyrehorade. Il doit épouser, le lendemain de l'arrivée du narrateur, Mlle de Puygarrig, une jeune fille fortunée de la région. Le jour de son mariage, il passe bien imprudemment sa bague au doigt de la statue. Il en mourra.

Mlle de Puygarrig

Mlle de Puygarrig, une jeune fille fortunée de la région. Elle est belle et raffinée. Elle devient "Mme Alphonse", en épousant le fils Peyrehorade. Elle perdra dans la tragédie son mari et selon les témoins son équilibre mental.

Mme de Peyrehorade

L'épouse de M. de Peyrehorade. Elle incarne l'étroitesse d'esprit de la bourgeoisie provinciale . A la différence de son mari qui est subjugué par la Vénus, elle, se méfie : " Savez vous (dit M. de Peyrehorade au narrateur), que ma femme voulait que je fondisse ma statue pour en faire une cloche à l'église ?").

A la fin du récit son fils et son mari sont morts, et Mme de Peyrehorade fait fondre la statue pour en faire une cloche .

 

Publié dans Littérature

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M
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Nous avons couvert le BIFFF (festival du film fantastique de Bruxelles), et publier sur http://michel-dubat-auteur.over-blog.com/des articles, de entretiens sur les films.<br /> <br /> <br /> De plus nous parlons de toutes les formes de créations dans les genres de l’imaginaire : littérature, BD, cinéma, séries.<br /> <br /> <br /> A bientôt<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Merci pour la signalation<br /> <br /> <br /> <br />